Part des émissions de GES du transport dans le bilan carbone des produits alimentaires

Contrairement aux idées reçues, l’impact carbone du transport maritime est relativement faible si l’on met en perspective les quantités considérables de matières premières et de marchandises qui sont transportées (80 à 90 % du commerce mondial chaque année). Ainsi, les émissions du transport maritime ne représentent que 3 % du total des émissions de GES d’origine anthropique au niveau mondial (Walker et Schnurr, 2019). Il émet en moyenne trois grammes de CO2 par tonnes-kilomètres soit 10 fois moins que le transport fluvial et 30 fois moins que le transport routier (MTECT, 2022).

L’explication tient dans le fait que le transport maritime, comme par le passé, est en réalité très efficace d’un point de vue énergétique, les capacités d’emport des navires étant très grandes et la force de frottement coque-eau étant très faible. C’est la raison pour laquelle son ratio d’émissions de CO2 par tonne transportée s’avère être bien plus faible que le transport routier, et même un peu plus faible que le transport ferroviaire diesel. Pour les fruits frais, en moyenne deux tiers des distances sont parcourues par voie maritime, mais près de 80 % des émissions de gaz à effet de serre sont le fait des transports routiers pour le pré-acheminement et le post-acheminement, qui ne représentent pourtant qu’un tiers des distances (MASA, 2023).

Si, dans une opération de transport, l’étape routière représente moins de kilomètres, elle est plus émissive que le transport maritime pour chaque kilomètre parcouru. Ainsi, la part du transport routier est prédominante dans le bilan carbone des transports alimentaires. L’on comprend que le transport routier est donc l’enjeu principal de la décarbonation. Cependant, certains experts estiment que si rien ne venait entraver la croissance exponentielle du commerce international, les émissions de GES du transport maritime pourraient, à elles seules, augmenter jusqu’à 17 % à terme (UNCTAD, 2020). Si déjà les quantités de matières premières et de marchandises transportées sont tout simplement sidérantes, qu’en sera-t-il alors dans les prochaines décennies si on se fie aux prévisions ?

Le transport par avion est également fortement émetteur de GES au kilomètre, mais le faible nombre de kilomètres parcourus, en relatif, limite son poids dans le bilan global et le rend négligeable : il concerne essentiellement les fruits et légumes frais ou congelés, et les poissons et crustacés. Il est estimé que le transport des marchandises agricoles et alimentaires, tous modes confondus, représente environ 20 % du total des émissions de gaz à effet de serre liées au système alimentaire français (de la production primaire à la consommation finale) (MASA, 2023). Rien que la conservation des aliments périssables grâce au froid, tout au long de la chaîne logistique alimentaire, absorberait 8 % de la consommation énergétique mondiale (dont beaucoup de pétrole via les transports frigorifiques et conteneurs reefers), libérant au passage 5 % de fluides frigorigènes dans l’atmosphère (Socialter, 2023).