Carte issue du livre Ville Affamée (Steel, 2016)
Afin de nourrir l’ensemble de la population romaine, l’Empire a mis en place un système de ravitaillement maritime très sophistiqué et très efficace nommé annona (dérivé du terme an, car le système avait une cadence annuelle), (Bardi, 2021). Grâce à ce système de transport longue distance, la cité Antique pouvait s’affranchir de son arrière-pays et s’approvisionner depuis tout le pourtour méditerranéen : du blé venait d’Égypte, le vin et l’huile venaient de l’Espagne et de Tunisie, le porc de Gaule, le miel de Grèce, sans oublier le garum ou liquanmen d’Espagne, une sauce à base de poisson fermenté dont les Romains raffolaient (Steel, 2016).
Il est estimé que Rome importait à elle seule, au minimum 220 000 tonnes de blé chaque année, grâce à une flotte d’au moins 275 navires de 400 tonnes de port en lourd, faisant 2 rotations par an chacun (Adams, 2012). Les améliorations dans la conception des coques ont permis la construction de navires beaucoup plus grands, certains navires ont même atteint une capacité de 1 200 à 1 300 tonnes de port en lourd (Ibid), ce qui représente toutefois une capacité d’emport 60 fois moins importante que celle des plus grands vraquiers céréaliers actuels (type Kamsarmax).
Si cette approche pourrait sembler low-tech, c’est vite oublier les dizaines de milliers d’esclaves qui ont très probablement été nécessaires pour soutenir ce système de ravitaillement depuis tout le pourtour méditerranéen. Inspirant, mais à ne pas reproduire à « l’idée Antique »… Ils sont fous ces Romains, non !?
Bibliographie
Adams Colin, 2012. Transport in the Roman Empire. The Cambridge Companion to the Roman
Economy, publié en 2012 onsulté le 26 avril 2022]. Disponible sur :
https://www.academia.edu/10259552/Transport_in_the_Roman_Empire
Steel Carolyn. Ville Affamée : Comment l’alimentation façonne nos vies. Rue de l’échiquier,
2016, 448 p.